Se parler entre employeurs et conseillers France Travail Pro
C’est le message n°1 de Stéphane Ducrocq : « Les employeurs savent que nous déployons de nombreux dispositifs pour favoriser l’emploi et la formation dans notre territoire, mais ils ne nous contactent pas automatiquement. Que ce soit pour leurs recrutements ou leurs besoins en formation, il faut échanger avec les conseillers France Travail Pro en agence. » Cette obsession, en lien avec les missions de France Travail, vient aussi du fait que des petites et moyennes entreprises peuvent passer à côté de dispositifs très intéressants. Par exemple, la Préparation opérationnelle à l’emploi, qui permet de sponsoriser la formation d’un candidat par France Travail, l’immersion facilitée, également prise en charge, ou encore le dispositif Emplois Francs, où l’employeur peut être aidé au hauteur de 15 000 euros pour l’embauche d’un jeune issu d’un quartier prioritaire de la ville.
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Détecter les talents et les former
Si Stéphane Ducrocq insiste autant sur cette dimension relationnelle, c’est qu’elle conditionne la réussite des formations et des recrutements à un moment où, sur le territoire de son agence, tous les métiers sont en tension et l’envie de travailler est forte. « Nous avons un taux de chômage de 6,5%. Les employeurs du bassin peinent à trouver les profils formés. 30% des demandeurs d’emploi accompagnés par l’agence ont moins d’un CAP, et 10% vivent dans un quartier prioritaire de la ville. Notre challenge avec les recruteurs est donc de trouver les moyens de détecter les talents et de les former aux métiers proposés. » Un véritable défi pour l’agence car nombre d’entre eux ne perçoivent pas forcément la formation comme un prérequis et ils ne savent même pas qu’elles sont gratuites pour eux.
Utiliser la Méthode de recrutement par simulation (MRS)
Tout l’enjeu d’une agence France Travail est donc de proposer, aux employeurs comme aux candidats, l’accompagnement et les dispositifs pour détecter les talents, susciter l’intérêt, déclencher des formations… Prenons l’exemple de la Méthode de recrutement par simulation (MRS) : « C’est un dispositif très apprécié dans le bassin tourangeau. L’industrie pharmaceutique, la restauration rapide et la logistique recrutent beaucoup de personnes sans avoir forcément les professionnels à portée de main. La détection des habiletés via les ateliers de la MRS nous permet d’identifier les bons profils et de les former ensuite. Les employeurs sont ravis, d’autant qu’ensuite le turnover sur ces personnes recrutées est bas. » La MRS est désormais un dispositif établi de France Travail, qui fonctionne car son protocole est élaboré en étroite collaboration avec les recruteurs.
EN CHIFFRES
- 47 employés à l’agence, dont 7 conseillers France Travail Pro, 7 conseillers en gestion de droits, 26 conseillers à l’emploi, un psychologue du travail.
- 5 000 demandeurs d’emploi (en octobre 2024). 21% de jeunes, 25% de plus de 50 ans, 7% de personnes vivant avec un handicap.
- Gros employeurs : mairie, hôpital, industrie pharmaceutique, grande distribution, logistique.
Repérer les soft skills grâce à l’immersion
Au-delà de la MRS, il existe des moyens plus simples pour susciter des vocations. « J’invite les entreprises à s’ouvrir, confirme Stéphane Ducrocq, car cela vaut le coup ! Nous organisons des visites d’entreprise afin de casser les idées reçues sur les métiers, sur les secteurs d’activité. Et on veut aller plus loin en incitant les demandeurs d’emploi à passer un peu plus de temps dans une entreprise via l’immersion facilitée. » D’une journée à un mois, pour découvrir un métier ou confirmer une vocation, ce dispositif est un moyen simple (et pris en charge) pour accélérer le rapprochement entre employeurs et candidats. « J’encourage aussi les recruteurs à rencontrer les candidats plusieurs fois, pour découvrir vraiment la personne qui se cache derrière le CV. Cela aide à détecter les savoir-être, en plus des compétences. »
Casser les codes du recrutement
Pour Stéphane Ducrocq, cette demande d’ouverture vis-à-vis des entreprises se veut comme un passage de relais à l’action menée par ses conseillers. « Nous ne communiquons pas forcément sur ce que nous faisons, mais ce travail de fond est essentiel à la réussite globale de l’insertion professionnelle dans le bassin d’emploi de Joué-lès-Tours. Prenons, par exemple, le « Markethon » : nos équipes s’installent pendant une journée dans un quartier prioritaire de la ville, car nous avons constaté que les habitants peinaient à se rendre en agence et ne connaissaient pas les entreprises de leur ville. Lors de l’opération, les candidats les rencontrent pour rechercher des emplois. C’est aussi un moyen pour nos conseillers de renouer le lien avec des personnes qui se sentent exclues. »
« Nous avons aussi le "Bus de la création d’entreprise", où nos conseillers itinérants expliquent aux candidats la manière de procéder, les soutiens comme l’ACRE (Aide à la création et reprise d'entreprise)… Citons aussi "Prendre corps", une opération ciblée sur les jeunes en rupture du marché du travail, que l’agence parvient à réinsérer via un atelier de danse. Objectif : renouer le dialogue, redonner confiance. Enfin nous proposons, dans le même esprit, Du stade vers l’emploi, le dispositif de rencontre entre employeurs et candidats autour d’activités sportives. L’idée derrière toutes ces initiatives est de casser les codes du recrutement classique, pour établir des ponts. »
« Parfois le chemin est long pour lever les freins à l’embauche, mais nous déployons des moyens et de l’énergie pour aider les candidats. »
Soutenir les candidats plus fragiles
En plus de ces opérations ciblant les publics éloignés de l’emploi, toutes les agences mènent un travail de fond pour accompagner les personnes souffrant de freins périphériques à l’emploi. Avec 10% de candidats vivant en quartiers prioritaires, Joué-lès-Tours est particulièrement concerné. « Nos conseillers à l’emploi identifient ces freins qui amenuisent l’employabilité des candidats. Citons la maîtrise du français, la mobilité, la santé, la garde d’enfants, l’illectronisme… Nous déployons les dispositifs d’aide en fonction, avec toujours l’insertion professionnelle dans le viseur. » Concrètement, cela passe par des financements de formations linguistiques, des aides à la mobilité et à la garde d’enfants…
S’appuyer sur les partenaires locaux
Le tissu partenarial local joue un rôle clé pour insérer socialement et professionnellement les demandeurs d’emploi. L’agence France Travail de Joué-lès-Tours coopère avec les centres sociaux, des associations, des éducateurs de rue, des garages solidaires… et s’appuie sur les partenaires du réseau France Travail (Mission locale, Cap emploi), les institutionnels (le conseil régional pour les achats de formations en fonction des besoins identifiés par l’agence, la mairie de Joué-lès-Tours, le conseil départemental qui met à disposition l’assistance sociale), les syndicats professionnels et les acteurs du soin (la Caisse primaire d’assurance maladie pour faciliter l’accès aux soins, par exemple).
« Communiquez vos besoins en formation aux conseillers France Travail Pro, nous les ferons remonter au conseil régional, en charge de leurs achats. »
Enfin, les conseillers de l’agence de Joué-lès-Tours se forment régulièrement aux différents métiers proposés dans le territoire. Stéphane Ducrocq conclut : « Il est essentiel de développer l’expertise métiers de nos conseillers pour mieux comprendre les besoins des recruteurs et en parler de façon pertinente aux candidats. Comme pour la formation, les aides, les freins à l’emploi… c’est en collaborant étroitement que nous pourrons accompagner au mieux les candidats et satisfaire les employeurs. »
Voir aussi : L’agence de Saint-Ouen, mobilisée sur le Grand Paris Express