Hakim Arezki, joueur de cécifoot : « Le principal obstacle reste la méconnaissance du handicap »

Quand Hakim Arezki perd la vue, il doit réapprendre à vivre. Il découvre alors le cécifoot. Aujourd’hui champion paralympique, salarié du groupe Accor et conférencier en entreprise, il revient sur son parcours. 

Hakim Arezki perd la vue à 18 ans, touché par une balle explosive lors d’une manifestation étudiante en Kabylie, réprimée par les autorités. S'ensuit un long parcours de soin et de reconstruction. C’est à l’Institut national des jeunes aveugles qu’il découvre le cécifoot. Puis, il débute en club en 2005, rejoint l’équipe de France en 2009, qui décroche un titre de champion d’Europe la même année. Après une médaille d’argent aux Jeux paralympiques de Londres en 2012, il atteint le sommet en 2024, à Paris, quand l’équipe de France est sacrée championne paralympique. Un parcours de résilience et de dépassement, guidé par la force du collectif et la passion du sport.  


« Le cécifoot, ce n’est pas seulement un sport. C’est un outil d’autonomie, une manière de se reconstruire. » 


En quoi le cécifoot vous a-t-il aidé à vous reconstruire, au-delà du sport ?

Hakim Arezki : Le sport m’a permis de me reconstruire parce qu’il véhicule des valeurs essentielles : la solidarité, l’esprit d’équipe, le dépassement de soi. Mais le cécifoot, c’est aussi un outil d’autonomie incroyable. Il m’a appris à me repérer dans l’espace, à me déplacer sans aide matérielle, en analysant les sons. Et une fois que l’on est capable de courir à pleine vitesse sur un terrain, on appréhende encore mieux les déplacements du quotidien.

Aujourd’hui, quels sont, selon vous, les principaux freins à l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap ?

H.K. : Il y a encore beaucoup de freins, même si les choses évoluent. Le principal obstacle reste la méconnaissance du handicap. Beaucoup d’entreprises pensent qu’adapter un poste nécessite des travaux lourds, alors qu’il s’agit souvent de petites choses comme un logiciel à installer, une hauteur de bureau à ajuster… 
Il faut aussi parler des obstacles en amont, pendant les études et la formation. Là encore, il y a des avancées, mais de nombreux contenus ou établissements restent difficilement accessibles. Et puis, il y a l’administration... trop lourde, trop complexe. Monter un dossier, s’inscrire, suivre une procédure peuvent vite devenir compliqué. Même pour une personne valide, alors imaginez… 

Avez-vous, vous-même, rencontré des obstacles dans votre parcours professionnel ? 

H.K. : Oui, le principal pour moi, c’est clairement l’administratif. Il y a trop d’étapes, trop de formulaires, trop de canaux de communication. Et même quand les plateformes sont accessibles, les démarches restent longues, répétitives et décourageantes. Il y a un vrai besoin de simplification. 


« La présence d’un sportif, surtout en situation de handicap, dans une équipe, crée une dynamique positive. » 


Est-ce que le sport vous a aussi ouvert des portes dans le monde professionnel ?

H.K. : Oui, totalement. Je travaille aujourd’hui chez Accor, qui me soutient pleinement dans mon parcours. Ils me libèrent du temps pour les entraînements et les compétitions. J’ai cette chance de pouvoir concilier emploi et sport de haut niveau. Et je pense que la présence d’un sportif, surtout en situation de handicap, dans une équipe, peut aussi être une source d’inspiration. On incarne souvent le dépassement, la résilience. Cela crée une dynamique positive

Quel message aimeriez-vous transmettre à un jeune en situation de handicap qui doute de sa place ou de son avenir ?

H.K. : Je dirais que le doute, c’est normal. Même rassurant. Mais il ne faut pas rester bloqué. Il faut tenter. Il faut oser. Même si on pense que c’est trop grand pour nous. Parce que, si on ne rêve pas grand, on n’atteindra jamais un niveau ne serait-ce qu’un peu plus élevé. Il vaut mieux viser haut et toucher loin, que se brider dès le départ. 

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