Elise Bioche, en reconversion : « Ce n’est pas un recul, mais un repositionnement »

Après 30 ans de carrière en marketing dans des grands groupes, Elise a choisi de revenir aux fondamentaux en se formant à la Rocket School. À 50 ans, elle entame une alternance en agence digitale.

Elise Bioche

Elise Bioche a lancé les biscuits Oreo en Europe, dirigé des marques agroalimentaires célèbres comme Carte Noire ou Philadelphia, participé à la transformation du marché du café… Pendant trente ans, Elise a occupé des fonctions de direction marketing dans des groupes internationaux (Kraft, General Mills, Essilor). Et pourtant, à 50 ans, elle a choisi de se réinventer. Non pas en quittant son métier, mais en y revenant autrement : plus près du terrain, des outils et des usages actuels. Étudiante à la Rocket School, elle est actuellement en alternance chez Spaag, un cabinet de conseil spécialisé dans le growth marketing, le marketing digital, la data et l'IA. Un changement de posture qu’elle revendique comme une stratégie, loin du déclassement ou de la rupture.  

Qu’est-ce qui vous a poussée à envisager une reconversion, alors que vous étiez dans un secteur que vous maîtrisiez déjà ?

Elise Bioche : C’est justement parce que je le maîtrisais que j’ai ressenti le besoin de me remettre en mouvement. Après trente ans dans le marketing, à des postes de direction, j’avais le sentiment de moins apprendre. Je ne voulais pas devenir une « marketeuse » déconnectée des réalités. Aujourd’hui, les outils évoluent très vite, avec l’IA, le NoCode, l’automatisation… J’avais envie de me tester, de voir si j’étais capable de revenir à l’opérationnel pur. C’est un peu comme si j’étais directrice d’usine et que je retournais sur la chaîne, pour comprendre comment tout fonctionne aujourd’hui. Ce n’était pas un recul, mais un repositionnement. 

Pourquoi avoir choisi une formation opérationnelle en alternance à la Rocket School ?

E.B. : J’ai découvert la Rocket School grâce à un email de France Travail. J’avais déjà cette envie de me former, mais je ne trouvais pas le bon format : trop de formations théoriques, pas assez d’ancrage concret. La Rocket School m’a séduite avec son approche très terrain : trois mois de bootcamp intensif, puis un an d’alternance. C’est un vrai rythme qui oblige à s’engager. Je voulais aussi me protéger du risque de retourner, par confort, dans des postes similaires à ceux que j’occupais avant. Cette formation, c’est un contrat passé avec moi-même : apprendre, produire, me mettre en décalage volontaire. 


« J’apprends, je suis utile, je produis » 

Comment avez-vous vécu le passage d’un poste de direction à celui d’apprentie dans une structure plus petite ?

E.B. : J’adore. C’est déroutant pour certains, mais pour moi, c’est cohérent. Je savais que je n’étais pas motivée par les titres. Et ça se confirme : être apprentie ne me pose aucun problème. Au contraire, j’apprends, je suis utile, je produis. Et je le fais dans un environnement où il y a de l’entraide, de l’écoute. Ce n’est pas toujours le cas quand on est en haut de la pyramide. Aujourd’hui, j’ai le sentiment de redéployer mes compétences différemment, avec plus de fraîcheur. 

Quelles compétences de votre parcours précédent vous semblent encore précieuses aujourd’hui ? Et lesquelles avez-vous dû réapprendre ou adapter ?

E.B : Tout ce que j’ai appris en stratégie, en vision business ou en gestion de marques reste utile, car c’est le cœur des métiers du marketing. Mais j’avais besoin d’y ajouter une touche très opérationnelle, notamment en me formant pour les différents métiers du marketing digital. Je sais briefer une campagne, mais désormais, grâce à ces nouveaux outils, je pourrai bientôt la créer moi-même ! Il fallait que j’apprenne. Aujourd’hui, je manipule les outils, j’utilise l’IA dans tout ce que je fais, je vois ce qui est faisable ou pas. Cela change complètement la manière de penser une stratégie. Ce que je vise, c’est cette capacité à articuler vision et exécution, à naviguer entre les deux.


« Je me sens exactement à ma place » 

Quel regard vos proches ou anciens collègues portent-ils sur votre choix ?

E.B : Mon entourage comprend plutôt bien. Ils ont conscience que les métiers du marketing changent vite et que se former est une nécessité. C’est plutôt au sein de ma formation que mes camarades ont pu être étonnés : certains se demandaient ce que je faisais là, avec mon expérience et ma carrière. J’ai en effet pu occuper des postes dont certains rêveraient, mais je suis venue chercher autre chose. Le programme me permet aussi de sortir de mon microcosme, de croiser d’autres parcours et d’autres énergies, ce qui est très stimulant. 

Comment voyez-vous les choses à l’issue de votre formation ?

E.B : Je n’ai pas de plan arrêté. Je ne cherche pas un job, je préfère dire que je vais "fabriquer mon job". Peut-être en tant que freelance, dans le management de transition ou pour des missions ciblées. Ce que je veux, c’est pouvoir activer toute ma palette de compétences, de la stratégie à l’exécution et intervenir là où je peux vraiment apporter de la valeur. Ce virage, je l’ai pris au bon moment. Il me permet de rester connectée, utile et alignée. Aujourd’hui, je me sens exactement à ma place.
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