Passé le constat des difficultés à recruter pour le secteur de la restauration, pas d'autre choix que de chercher des solutions, qu'elles soient à court ou long terme. Si les actions traditionnelles ne portent plus leurs fruits, alors reste à inventer, innover et changer les méthodes de recrutement. Au sein de l'agence Pôle emploi de Château-Gontier, Anne-Sophie Corve, conseillère Relation entreprise a pris le pari de s'entourer de multiples partenaires pour proposer, entendre et écouter les idées et les vrais besoins et finalement mettre en place une action qui sort des sentiers battus : #JobChef !
« Ouvrir les portes des cuisines s'est vite imposé à nous quand il a fallu réagir à une demande toujours croissante de la part des entreprises de restauration traditionnelle et collective. Faire entrer les personnes dans le vif du métier, les faire participer et les inclure dans une dynamique d'équipe même pour quelques heures nous a semblé évident. Nous avons un taux de chômage très bas en Mayenne, autour de 5 %, ce qui limite les potentiels candidats. Une réunion entre tous les partenaires (Pôle emploi, La communauté de communes de Château-Gontier, la Mission locale et les entreprises de restauration participantes) a permis de comprendre une première chose : il fallait oser et chambouler les règles du recrutement », explique Anne-Sophie Corve.
L'humain et l'envie : les nouveaux critères d'un recrutement innovant
Quand les méthodes traditionnelles ne permettent plus de générer ne serait-ce qu'un maigre espoir de trouver du personnel dans la restauration, cela peut paraître la fin d'une ère. Mais pour certaines personnes, c'est bel et bien le début d'une nouvelle réflexion, et d'une mutation des paramètres de sélection. Il fallait donner envie, mettre des visages, des voix et des ambiances sur une fiche de poste, et réfléchir sur les contraintes qui éloignent les demandeurs d'emploi du monde de la restauration.
Après plusieurs réunions de travail, innovantes elles aussi, puisque pour nombre de restaurateurs, réunir autour d'une même table Pôle emploi, les partenaires territoriaux, des restaurateurs traditionnels et d'autres issus de la restauration collective était tout simplement une première.Caroline Boivin, directrice de l'association Iliade qui héberge, oriente et accompagne des jeunes, a pris part à ce projet avec grand enthousiasme : « Faciliter l'immersion comme le fait le dispositif PMSMP est déjà pour nous une évidence au sein de notre structure.Mais #JobChef propose plus que ça, c'est une réflexion collégiale à l'initiative de Mme Corve. Recruter de manière inclusive, et juste sur l'envie de venir cuisiner quelques heures avec des professionnels permet de semer une graine dans l'esprit des participants, que ce soit les demandeurs d'emploi, mais également les restaurateurs du territoire. »
La nouvelle évidence pour tous les acteurs d'un secteur : agir ensemble
« Il n'y a plus de petits projets désormais. Lorsque j'ai imaginé cette initiative de faire entrer des demandeurs d'emploi dans les cuisines, pas pour observer mais bel et bien pour venir cuisiner, je me doutais bien que tout était à faire, à organiser et à proposer. Alors j'ai simplement laissé ma créativité s’exprimer, et que ce soit pour la conception des supports de communication, ou de l’implication des entrepreneurs, tout devait devenir envisageable. J'ai proposé mes idées et les restaurateurs ont su les accueillir en m'expliquant le cadre de leurs possibilités », précise Anne-Sophie Corve.
Faire cuisiner dix stagiaires en même temps n'était pas possible, alors des immersions de 1 h 30 avec un ou deux stagiaires ont permis des rencontres entre des jeunes en plein questionnement, des demandeurs en reconversion, et même des seniors prêts à s'adapter à des horaires et des contrats plus aléatoires.La période d'immersion est devenue incontournable, tout simplement. Et l'initiative #JobChef est l'exemple même que les possibilités sont infinies.