Des ateliers pour se former aux nouvelles pratiques de recrutement

Dans un contexte de recrutement difficile, des agences Pôle emploi des Pays de la Loire lancent un nouvel atelier à destination des employeurs. Le but : sensibiliser les recruteurs aux nouvelles attentes des candidats. Décryptage avec l’entreprise Onela, spécialisée dans le service à la personne.

Dans les Pays de la Loire, les difficultés de recrutement atteignent un niveau rarement observé depuis 1982. Le marché du travail évolue, et d’après Anaïs Ott-Philippe, conseillère entreprise Pôle emploi de Saint-Nazaire, le rapport de force entre employeurs et candidats a basculé : « Historiquement, c’était aux candidats de démontrer leurs motivation, compétences et savoir être. Désormais les employeurs doivent se mobiliser pour séduire ces candidats et recruter autrement. »

Comme dans de nombreuses entreprises du secteur de l’aide à la personne, Adeline Tual, responsable d’une agence Onela, a des difficultés de recrutement. De l’autre côté, le secteur de l’aide à domicile est « en plein essor ». Pour mettre de l’huile dans la machine du recrutement, Pôle emploi est donc entré en action. Les agences de l’emploi basées à Saint-Nazaire et Trignac ont lancé un nouvel atelier, intitulé « Recruter autrement ». Le but : sensibiliser les employeurs aux nouveaux enjeux du travail afin d’« ouvrir le champ des possibles en matière de pratiques de recrutement » ajoute la conseillère. Et tout ça se fait autour d’un petit-déjeuner pour s’adapter aux contraintes professionnelles et organisationnelles.

Anaïs Ott-Philippe « Historiquement, c’était aux candidats de démontrer leurs motivation, compétences et savoir être. Désormais les employeurs doivent se mobiliser pour séduire ces candidats et recruter autrement. »

Prendre du recul sur la situation

L’atelier est mis en œuvre depuis mi-octobre, une fois par mois, et co-animé avec les partenaires locaux de la CCI ou de Cap emploi. Il commence avec une présentation chiffrée du marché du travail local avec un rappel sur le taux de chômage, une focale sur la typologie des demandeurs d’emploi (durée d’inscription, part des bénéficiaires de minima sociaux, séniors, faible mobilité constatée) et une évocation du nombre d’opportunités d’emploi sur le bassin qui amènent naturellement les employeurs à s’interroger sur leurs pratiques de recrutement. L’objectif de cet atelier est de recruter autrement, et de voir au-delà des simples compétences.

Dans une seconde partie, les employeurs se retrouvent dans la peau d’un candidat qui doit choisir la plus attractive des offres parmi trois offres d’emploi légèrement différentes : un même métier, un même secteur géographique, un même type de contrat en CDI mais des offres qui diffèrent sur le contenu et sur la présentation. « Cela les fait s’interroger sur leurs pratiques en matière de présentation de leurs différentes opportunités pour attirer le plus grand nombre de candidats. Ils identifient également les erreurs à éviter tout autant que les incontournables. » raconte Anaïs Ott-Philippe.

Se démarquer des concurrents

Pour Adeline Tual, responsable de l’agence Onela, ce premier atelier du 30 juin 2023, a été riche en enseignements : « Aujourd’hui beaucoup de candidats s’intéressent aux avantages de l’entreprise. On a pris le temps de détailler les avantages recherchés, comme le télétravail sur des postes administratifs, ou les semaines de 4 jours. Bien sûr il y a aussi les chèques emplois, les tickets restaurants… » Dans un contexte tendu, il faut alors se démarquer de la concurrence pour les entreprises, au risque de ne recevoir aucune candidature. L’entreprise n’a pas attendu la séance d’introspection de l’atelier pour impulser des changements en interne :
« Depuis un an et demi, on a mis en place des week-ends qui s’étendent sur des demi-journées alors qu’avant c’était du 8h-20h d’amplitude horaire le week-end. En conséquence, on a moins d’absence et moins de turnover. » Par ailleurs, Onela développe son catalogue de formation au niveau national.

Anaïs Ott-Philippe l’assure : « À l’issue de l’atelier le retour des employeurs est toujours positif. » Mais si les employeurs semblent apprécier de voir leurs habitudes être bousculées, les changements ne s’opèrent pas immédiatement. « C’est une démarche qui peut être sur du long terme. Aujourd’hui, cela se met en place progressivement et on remarque que les employeurs sensibilisés vont travailler différemment leur recrutement. » relativise la conseillère.

Adeline Tual : « Aujourd’hui beaucoup de candidats cherchent les avantages de l’entreprise. On a pris le temps de détailler les avantages recherchés, comme le télétravail sur des postes administratifs, ou les semaines de 4 jours. »