
C’est un chantier hors-norme qui a débuté en 2022. 3 000 emplois directs doivent être créés, pour creuser 57,5 km de tunnel au total, dont 40 km côté français. Mais rien n’est simple. « Ce chantier n’est pas à un seul endroit précis, décrypte Gülay Yetkin, conseillère mon emploi du chantier Lyon Turin. Selon la commune où les salariés doivent être logés, ce n’est pas évident de trouver de la main-d’œuvre locale. Là on n’y arrive plus et il faut chercher plus largement des candidats. » En cause : un chantier situé en vallée de la Maurienne (Savoie), où l’industrie et le tourisme absorbent une grande partie de la main-d’œuvre.
Elargir ses horizons de recrutement
Pôle emploi qui porte l’équipe Mon Emploi Lyon Turin (MELT), a pour mission d’accompagner l’ensemble du chantier pour le recrutement et la formation aux métiers souterrains. Pour ce faire, l’équipe MELT doit élargir sa zone de prospection au niveau départemental voire régional, comme en atteste le forum de l’emploi tenu à Lyon le 14 mars 2023. Des visites du chantier et de la vallée sont également organisées, afin de présenter « l’entreprise qui porte le contrat, son historique, sa culture d'entreprise et ses valeurs » explique Vincent Lhuillier, responsable RH du chantier Lyon Turin CO08 (les travaux de l’entrée du tunnel de base du Lyon Turin). À l’occasion sont également présentés les avantages offerts aux employés : « opportunités de formation, de développement professionnel ou de conciliation vie professionnelle et vie personnelle » détaille le responsable. Il faut faire feu de tout bois pour pourvoir aux besoins.
L’autre particularité de ce chantier, c’est l’obligation de recruter des profils éligibles aux clauses sociales. « L’Etat a demandé à ce que les entreprises recrutent des profils plus fragiles vis-à-vis du marché du travail. » détaille Gülay Yetkin de MELT. Cela concerne les moins de 26 ans, les plus de 50 ans et les personnes issues des quartiers prioritaires de la ville. Chez ceux qui n’ont absolument pas d’expérience dans le domaine, les recruteurs restent attentifs au « sens de l’adaptation à travailler efficacement dans des environnements complexes, en équipe » explique Vincent Lhuillier. Tout le monde est le bienvenu, avec une formation adaptée, évidemment.
Une formation accélérée pour maîtriser les bases du métier
Puisque le temps est compté, Pôle emploi a imaginé une formation d’un mois permettant d’acquérir les pré-requis de base : « Le contenu de formation s’appelle pack employabilité souterrain : il y a une formation sécuritaire, de la maçonnerie, du forage, de la projection béton. » En 2022, six sessions de formation ont été réalisées, « avec des personnes issues du département (Savoie) essentiellement, quelques régionaux et nationaux », précise la conseillère. D’après elle, les salaires proposés par les grandes entreprises et les nouvelles méthodes de travail avec des engins plus sophistiqués attirent les demandeurs d’emploi. En tout cas, Vincent Lhuillier l’affirme : « Compléter notre campagne de recrutement sans Pôle emploi ne serait pas envisageable pour nous. »
« Compléter notre campagne de recrutement sans Pôle emploi ne serait pas envisageable pour nous. » Vincent Lhuillier